Analyse financière – Un « check-up » pour une entreprise
Tous les ans ou tous les deux ans, la plupart d’entre nous consultent un médecin pour un bilan de santé. Le médecin prend généralement plusieurs mesures (taille, poids, tension artérielle, etc.) afin d’évaluer l’évolution de notre santé au cours de l’année écoulée. Il peut ensuite utiliser les résultats pour déterminer une menace immédiate pour notre bien-être ou formuler des recommandations utiles (« Vous semblez avoir pris 20 kilos, Monsieur ; je vous suggère de suivre un régime »).
Tout comme nous nous soucions tous de notre santé, les dirigeants et les investisseurs se soucient de la santé de leur entreprise. Comment peuvent-ils effectuer un bilan de santé afin d’évaluer sa progression et sa santé financière ? Au lieu du poids ou de la tension artérielle, les analystes utilisent des ratios financiers. Nous aborderons trois catégories de ratios : rentabilité, liquidité et solvabilité.
Rentabilité
Lorsqu’une entreprise vend des biens ou fournit des services, l’argent reçu de ses clients est comptabilisé sous forme de ventes (les termes « revenu » et « ventes » sont interchangeables). Cependant, avant de pouvoir déposer ces fonds, l’entreprise doit toujours payer des dépenses : salaires des employés, frais de marketing, impôts, etc. Les ratios de rentabilité mesurent le solde restant après amortissement de ces dépenses. Pour chacun des indicateurs suivants, un chiffre élevé est préférable, car cela signifie moins de dépenses et plus de bénéfices conservés.
Gross Margin
Marge brute = (ventes – coût des marchandises vendues) / ventes

La marge brute compare les deux premières lignes du compte de résultat : le chiffre d’affaires et le coût des marchandises vendues. Le coût des marchandises vendues correspond au montant qu’une entreprise dépense pour obtenir les marchandises qu’elle vend. Imaginons que je possède une entreprise de chapeaux. Mon coût des marchandises vendues correspond à l’argent que je dépense soit pour acheter les chapeaux auprès d’un fournisseur, soit pour les matériaux et la main-d’œuvre directe nécessaires à leur production. Pour de nombreuses entreprises, le coût des marchandises vendues représente le poste de dépenses le plus important.
Le principal enseignement que nous pouvons tirer de la marge brute est l’analyse de la solidité de nos relations avec nos fournisseurs. Si je réalise une marge brute de 50 % sur mon activité de chapeaux, mais qu’un concurrent qui vend exactement les mêmes chapeaux réalise une marge brute de 60 %, je fais une erreur. Je devrai probablement renégocier ou trouver un nouveau fournisseur capable de me fournir les marchandises dont j’ai besoin à un prix inférieur. Une marge brute inférieure à la moyenne du secteur est un mauvais signe pour une entreprise et indique un désavantage concurrentiel potentiel à long terme.
Marge opérationnelle
Marge d’exploitation = (ventes – coût des marchandises vendues – coûts d’exploitation) / ventes
Ce ratio se base simplement sur la marge brute, en soustrayant cette fois les charges d’exploitation. Les charges d’exploitation désignent tout ce qui est lié aux opérations de l’entreprise ; cela inclut généralement les frais commerciaux et administratifs, la recherche et le développement, ainsi que les amortissements.
Les charges d’exploitation sont un domaine sur lequel les managers ont un plus grand contrôle grâce à leurs choix stratégiques. Leur objectif est de maintenir les opérations aussi simples et efficaces que possible en maximisant la productivité de chaque employé, en limitant les sorties de fonds inutiles et en élaborant des politiques de dépenses marketing et de R&D efficaces sans saigner l’entreprise à blanc. Les managers sont souvent rémunérés en fonction de leur capacité à réduire les coûts d’exploitation.
Marge nette
Marge nette = résultat net / chiffre d’affaires
La marge nette est essentielle : quelle part de nos ventes pouvons-nous affecter au résultat net ? Pour obtenir le résultat net, il faut soustraire les charges d’intérêts et l’impôt sur le revenu de la marge d’exploitation calculée précédemment.
Lors de la comparaison d’entreprises, la marge nette est l’un des indicateurs les plus essentiels pour juger une entreprise. Les entreprises qui parviennent à conserver une part plus importante de leurs ventes sous forme de bénéfices généreront davantage de bénéfices en période de prospérité et seront plus susceptibles de conserver un résultat net positif en période de crise économique. Si ma chapellerie affiche une marge nette de 15 % et celle de mon concurrent de 2 %, il y a de fortes chances qu’en période difficile (par exemple, lorsque les gens achètent moins de chapeaux et que nous devons baisser les prix pour stimuler les ventes), mes bénéfices se maintiennent mieux que ceux de mon concurrent, qui pourrait rapidement se retrouver en perte.
Liquidité

Alors que ces ratios de rentabilité se concentraient sur les éléments du compte de résultat, la liquidité et la solvabilité concernent principalement la solidité du bilan d’une entreprise. Le concept de liquidité se concentre sur la capacité d’une entreprise à gérer ses obligations à court terme, telles que les comptes fournisseurs, les charges à payer et les dettes à moins d’un an.
Les passifs à court terme ne sont pas une mauvaise chose : presque toutes les entreprises en ont besoin pour fonctionner, mais les dirigeants doivent s’assurer de disposer de suffisamment de liquidités pour les gérer. Si 200 millions de dollars sont dus dans un mois et que nous ne disposons que de 50 millions de dollars pour les payer, notre entreprise doit se démener pour recouvrer ou emprunter 150 millions de dollars supplémentaires, sous peine de défaut de paiement. Un défaut de paiement est une catastrophe pour les entreprises et peut entraîner une dégradation de leur notation de crédit, une hausse des taux d’intérêt, voire une faillite si les créanciers s’inquiètent et souhaitent récupérer leur argent plus rapidement.
Pour éviter de tels désagréments, nous devons surveiller les ratios de liquidité.
Ratio actuel
Ratio actuel = actifs courants / passifs courants
Il s’agit d’un calcul simple, car l’actif et le passif courants sont additionnés au bilan. Il est toutefois important de veiller à ce que le ratio de liquidité générale ne baisse pas trop : un chiffre élevé est préférable, car cela signifie que nous disposons de davantage de liquidités pour faire face à nos obligations à court terme. Un ratio de liquidité générale de 2 ou plus est souvent considéré comme « sûr », mais ce chiffre varie selon l’entreprise.
Le problème que les analystes doivent surveiller est une baisse importante du ratio de liquidité générale d’une période à l’autre. Si mon entreprise de chapeaux affiche un ratio de liquidité générale autour de 2 de 2012 à 2016, mais qu’il tombe à 1,2 en 2017, cela pourrait indiquer un problème majeur. Nous avons peut-être emprunté trop d’argent, nos clients ne nous paient peut-être pas à temps, ou nous avons peut-être dépensé une part trop importante de nos réserves de trésorerie dans un actif à long terme (comme une nouvelle usine). Si le problème est détecté suffisamment tôt, il existe généralement un moyen de lever des fonds à court terme grâce à un financement à long terme et de garantir que l’entreprise ne rencontrera pas de problèmes de liquidité.
Ratio rapide
Ratio rapide = trésorerie et équivalents de trésorerie / passif courant
Le ratio de liquidité rapide nous informe de manière similaire au ratio de liquidité générale, sauf qu’il ne prend en compte que la trésorerie et les équivalents de trésorerie (qui peuvent inclure les comptes du marché monétaire, les titres à court terme ou tout autre élément que nous pouvons rapidement transformer en liquidités). En effet, les actifs courants, autres que la trésorerie (comme les comptes clients et les stocks), sont plus risqués que la trésorerie elle-même. Si nous devons 10 millions de dollars à la banque dans un mois, elle n’acceptera pas 10 millions de dollars de stocks. Il faudrait espérer pouvoir vendre ces stocks pour obtenir des liquidités, ce qui n’est absolument pas certain. Là encore, une forte baisse du ratio de liquidité rapide est le principal problème qu’un analyste devrait surveiller.
Solvabilité
Les ratios de solvabilité visent à anticiper le court terme et à déterminer la position financière d’une entreprise pour sa survie à long terme. Ils analysent principalement le niveau de dette à long terme d’une entreprise par rapport à ses autres comptes et le montant des charges d’intérêts qu’elle paie chaque année.
L’enjeu est de taille. Si notre entreprise est trop endettée et doit payer trop d’intérêts, nous allons faire faillite. Il est essentiel de garder à l’esprit le cycle économique, car un niveau d’endettement acceptable en période de prospérité peut rapidement devenir excessif en période de récession. Il incombe à l’analyste d’anticiper et de s’assurer qu’en cas de ralentissement économique et de baisse des bénéfices, nous sommes bien positionnés pour survivre.
Ratio d’endettement
Dette sur capitaux propres = Total du passif / Total des capitaux propres

Comptabiliser mes stocks et ma trésorerie
Il s’agit de l’un des ratios de solvabilité les plus couramment utilisés par les analystes. Il compare le montant du financement par emprunt (emprunt) utilisé au montant du financement par capitaux propres (par exemple, la vente d’actions ordinaires). En règle générale, plus ce ratio est faible, plus le bilan de l’entreprise est sûr. Le ratio d’endettement varie considérablement selon l’entreprise et le secteur.
Le plus utile est de comparer les ratios d’endettement d’un secteur. Si le ratio d’endettement moyen dans le secteur de la mode est de 1 (utilisation égale de l’endettement et des capitaux propres), mais que mon entreprise tourne à 3,5, il y a de fortes chances qu’en cas de ralentissement économique, mon entreprise soit la première à faire faillite. À l’inverse, si une entreprise a eu un ratio d’endettement de 0,5 au cours des cinq dernières années, mais qu’en 2017, il passe à 2, il faut analyser les raisons de cet endettement et déterminer si l’entreprise est en mesure de le gérer.
Couverture des intérêts
Couverture des intérêts = bénéfice avant impôts et intérêts (EBIT) / charges d’intérêts
Ce ratio est très utile pour évaluer la capacité d’une entreprise à gérer ses intérêts. Il indique combien de fois nous pouvons couvrir nos charges d’intérêts (inscrites au compte de résultat) grâce à notre BAII ou résultat d’exploitation. Plus le ratio est élevé, plus nous gérons nos intérêts avec aisance. Une baisse importante du ratio de couverture des intérêts signifie que nous gagnons moins ou payons plus d’intérêts ; les deux sont préoccupants !